Accueil

>

>

Lille-Hardelot et plus car affinités

Lille-Hardelot et plus car affinités

6h30, nous sommes rassemblés place de l’Opéra pour la photo d’avant départ. La ligne de départ est déjà derrière nous. Les derniers fêtards éméchés encouragent les cyclistes qui viennent de s’élancer vers Hardelot, qui nous attend au bout des 150 et quelques kilomètres du parcours. Déjà les premières chutes et soucis mécaniques (surtout des crevaisons, vu les éclats de verre qui émaillent les rues de Lille)

Des premiers 60 kilomètres, il y a peu de choses à raconter, un parcours agréable et relativement plat. On quitte rapidement la métropole pour la campagne et les weppes, puis la vallée de la Lys jusque Aire sur la Lys, et le 1er ravitaillement. Ce parcours est l’occasion de sympathiser avec les autres participants, ici un tandem, là un vélo pliant. Déjà la chaleur se fait sentir, on prend soin de bien remplir nos bidons.

Passé Aire, le paysage commence à changer, les premières côtes et vallons apparaissent, au travers de villages paisibles où certains spectateurs locaux nous encouragent. On arrive ensuite au 2ème ravitaillement, au bout de 90 kilomètres, sur le parking du Leclerc de Lumbres. C’est mon premier Lille-Hardelot, je ne sais pas du tout ce qui m’attend, mais je commence à avoir en tête 2 noms : la Calique et le Haut Pichot. Je sais aussi qu’il faut que je m’économise car Hardelot ne sera pas l’arrivée mais qu’une étape de mon périple du jour.

Notre petit groupe qui s’était disloqué après le 1er ravitaillement se regroupe pour affronter ce qui nous attend. Je prend donc chaque côte à mon rythme, sans forcer ni se faire mal. Je suis content d’avoir opté pour le Camelbak en plus des bidons, qui me permet beaucoup plus facilement de m’hydrater même dans l’effort. J’avale donc la Calique comme les autres côtes, et je m’en sors pas si mal. On rejoint ensuite le dernier ravitaillement à Samer, au bout de 136 kilomètres. Les organismes commencent à fatiguer, et les stands de nourritures et de boissons sont pris d’assaut. On remplit nos bidons au tuyau d’arrosage pour éviter la queue aux robinets, et il faut repartir pour les derniers kilomètres et la dernière épreuve avant Hardelot, le Haut Pichot.

On arrive rapidement en bas, qu’on ne peut que contempler et imaginer sa difficulté. Je l’attaque donc comme les autres, à mon rythme, un coup de pédale après l’autre. Je croise quelques cyclistes qui le montent pieds à terre et je me dis que ça pourrait aller plus mal pour moi ! J’arrive en haut le souffle court, juste après la photo. Je me retourne et ne vois plus mes collègues. Qu’est ce que je fais, je m’arrête, je continue tranquille pour les attendre ? J’opte pour la seconde option, et me fais rattraper et doubler par l’un des nôtres un peu plus loin. Je me mets donc à sa poursuite sans attendre le reste du groupe. Finalement, je ne le rattraperais jamais et finirais seul jusque Hardelot, comme un prélude à ce qui m’attend par la suite.

13h00, je passe seul la ligne d’arrivée comme les pros, entouré par les spectateurs et les barrières de protection mises en place sur les derniers mètres. On s’y croirait presque ! Pas de bière pour moi mais une bouteille d’eau qui rejoint mes bidons. Et après l’arrivée, au bout de la rue, il y a la mer. Je pose le vélo, discute avec les collègues qui m’ont rejoint quelques minutes plus tard, et dans ma tête il est déjà temps de repartir.

13h30, je décide de tourner le dos à la mer et de me remettre en route pour les 90 kilomètres qui m’amèneront à mon point d’arrivée. Confiant, et pressé d’arriver, je sors rapidement d’Hardelot, puis rejoint Samer après avoir croisé la route des valeureux cyclistes qui allaient attaquer le Haut-Pichot. A la sortie de Samer, une longue ligne droite en « faux-plat » me fait douter. Le vélo (ou les jambes) répondent difficilement, et je m’inquiète sérieusement de ma capacité à continuer. Je décide de m’arrêter au bout de cette ligne droite, pour m’hydrater et manger un morceau, et surtout me reprendre. Je décide de repartir, en continuant comme je suis arrivé jusqu’à Hardelot, sans forcer.

J’enchaîne ainsi les côtes et les chemins de campagne, seul, à mon rythme, tout en sachant que je n’aurais pas de répit avant 50 kilomètres. La mécanique reprend, et je fais une halte juste après avoir franchi les 200 kilomètres, à Campagne-les-Boulonnais, à l’ombre d’un platane. Un papi faisant la sieste en plein cagnard m’observe (ou pas, difficile à dire). Je reprends la route et les côtes, dont 2 mémorables à Fauquemberges et à Audincthun, avec les éoliennes en fond sonore. Je passe les dernières difficultés et fait une dernière pause avant la vingtaine de kilomètres restants à Ligny-les-Aire.

16h30, 235 kilomètres au compteur, je m’abrite du soleil près de l’église de Ligny-les-Aire. De la salle des fêtes à proximité sort une interprétation A cappella et éméchée de « Quand la musique est bonne ».

Des derniers 25 kilomètres, peu de choses à raconter. Je rejoins rapidement la piste cyclable le long de la nationale entre Lillers et Béthune. Physiquement tout va bien (hormis quelques irritations), mais l’envie d’en finir est bien là. Je rejoins Béthune, puis me met en pilote automatique jusqu’à mon point d’arrivée à Beuvry, et 260 kilomètres.

Publié le

par